Avant d'être maman, il y a un tas de choses que j'aurais aimé savoir, pour me sentir normale, me déculpabiliser, me sentir mieux.

J'aurais aimé savoir que le manque de sommeil me ferait sentir mal, bien au delà des inconvénients physiques. Que certains jours, j'aurais à peine l'énergie de m'occuper de mon enfant, que ses pleurs me rendraient irritable au point d'avoir juste envie de sortir de la maison. Qu'au delà d'avoir du temps pour prendre une douche ou me brosser les dents, j'aurais parfois même pas la motivation de le faire, ni non plus de m'habiller.

J'aurais aimé savoir que mon couple en prendrait une claque. Je savais qu'on aurait des conflits, que l'on vivrait des désaccords sur l'éducation ou sur la gestion de la maisonnée. Mais je n'avais aucune idée qu'on choisirait de dormir de longs mois loin l'un de l'autre pour maximiser le sommeil de chacun. Que par bouts on se parlerait presque plus, par manqe de temps ou d'envie. Que la baisse de désir qu'apporte la proximité avec un nouveau né était à ce point intense et que cela est tout à fait normal. Et que ca peut durer plusieurs (plusieurs plusieurs) mois et que nous sommes pas les seuls à vivre cela.

J'aurais aimé savoir que je n'aurais pas l'énergie et encore moins le temps d'avoir des loisirs pendant mon congé de maternité. Moi qui pensais renouer avec le piano, je m'imaginais pratiquer de jolies mélodies avec mon adorable bébé qui roupille à mes côtés. Je songe enfin à m'y remettre 7 ans après la naissance de ma première.

J'aurais aimé savoir que peu importe les choix que je ferai, ces choix seraient remis en questions, critiqués, jugés et qu'au final, ma récompense serait de voir mes enfants s'épanouir et notre famille fleurir et grandir au fil des saisons.

J'aurais aimé savoir qu'on ne gâte pas un bébé, que j'avais raison de suivre mon coeur en partageant le sommeil de bébé, en portant mes enfants et en répondant à leurs pleurs. Surtout savoir qu'on ne crée pas de mauvaises habitudes à bercer un bébé ou en l'allaitant jusqu'à l'endormissement. Tout est une phase et ces habitudes là pourront toujours se changer, en temps et lieu.

J'aurais aimé savoir que téter pour le nouveau né est non seulement pour se nourrir mais que cela réconforte, apaise, rassure, diminue la douleur et bien plus. Si on m'avais expliqué cela, j'aurais accepté qu'on offre une suce à ma fille en néonatalogie après son arrivée au monde difficile. Cela aurait également facilité mes débuts en allaitement, où je me posais trop de questions sur la fréquence des boires, la faim et ma production de lait.

J'aurais aimé savoir qu'avoir des enfants me ferait vivre autant de changements à l'intérieur. Que je vivrais un ouragan d'émotions, que ma vision de la vie serait changée à jamais, que j'aurais de nouvelles ambitions, de nouveaux rêves, de nouvelles préoccupations. Que je serais prête à faire des sacrifices immenses pour protéger mes enfants et leur offrir le ciel et terre.

J'aurais aimé savoir qu'avoir des enfants en même temps que mes amies transformerait notre amitié, que notre complicité serait décuplée et que malgré le cahos de nos rencontres et les nombreux microbes échangés, voir grandir nos enfants grandir ensemble serait le plus beau des cadeaux.

J'aurais aimé savoir aussi que parfois, je repenserais à ma vie d'avant avec un petit pincement au coeur, parce qu'on va se l'avouer certaines journées c'est vraiment, vraiment déprimant. J'aurais voulu qu'on me dise que ces pensées là sont normales et que ca ne veut pas dire qu'on aime pas notre enfant.

Oui avoir su tout cela m'aurait peut-être réconforté.
Malgré tout, avoir des enfants est pour ma part la plus extraordinaire des aventures, à la fois motivante et décourageante, me sortant de ma zone de confort tout en me procurant le plus grand bonheur, me laissant parfois sans mots, parfois exaspérée mais souvent épatée, reconnaissante et émue.

Devenir maman m'a amené à croiser des personnes incroyables, au fil des années, qui ont contribuées, chacune à leur manière à me faire grandir et devenir la maman parfaitement imparfaite que je suis. On entend souvent que les pires critiques des mères sont les mères, pourtant ce que je constate lorsque je rencontre des mamans, c'est un grand désir d'être reconnue, d'être comprise et écoutée.

Échanger avec franchise sur la maternité fera tomber des tabous et des préjugés. Chères mamans, soyons douces les unes envers les autres.